Des coalitions sont nécessaires pour réindustrialiser la France

Désormais fermement à l'ordre du jour, la réindustrialisation de la France active des enjeux vitaux de souveraineté et de sécurité des approvisionnements, de cohésion territoriale et de protection de l’environnement. Vu l’ampleur et la complexité des défis, elle ne se fera pas sans un effort collectif. Pour réindustrialiser la France et surmonter les obstacles, il faudra s’allier, notamment au sein de coalitions.

Ce point de vue reprend les propos de Patrice Morot, président de PwC France et Maghreb, lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence de juillet 2022. Retrouvez l’intégralité des débats dans ce replay de la table ronde Rétablir une souveraineté industrielle.

Des contraintes tangibles font obstacle à notre renaissance industrielle

L’étude de Strategy& La renaissance industrielle en France à l’horizon 2030 montre que, malgré les 30 milliards d’euros d’investissements publics dans l’écosystème productif de France Relance et France 2030, notre pays ne pourra combler qu’une partie de son retard. Le poids de l'industrie manufacturière dans le PIB passerait ainsi de 10 à 12%, toujours loin de la moyenne européenne de 16%.

Par ailleurs, ces objectifs de réindustrialisation se heurtent à des contraintes très tangibles qui se cumulent. Foncier, compétences, financement et acceptabilité sociale constituent les quatre principaux obstacles.

  • Insuffisante, la disponibilité du foncier représente un frein pour les industriels. À la pénurie s’ajoutent des délais (quatre à six ans pour qualifier un terrain d’exploitable) incompatibles avec les attentes des industriels (plans de 6 à 12 mois).

  • Le manque de main d'œuvre actuel (plus de 70 000 emplois vacants dans l’industrie) menace de s’amplifier au fur et à mesure que de nouveaux besoins en compétences apparaissent.

  • Le financement privé reste insuffisant au regard des besoins. Ni les investissements étrangers, ni le financement par la dette ne pourront répondre de façon satisfaisante aux enjeux de long terme et de risque. 

  • La question cruciale de l’acceptabilité sociale de la réindustrialisation n’a pas encore été abordée. Celle-ci ne réussira que si elle est un choix de société accepté et assumé par tous. Or, le débat public n’est pas toujours posé en ces termes. Pour (re)territorialiser la production industrielle, les concitoyens vont-ils accueillir l’installation d’usines à proximité des lieux de vie, par exemple pour l’extraction des terres rares présentes dans notre sous-sol ?

Sans prise en compte rapide de ces obstacles, les plans de relance, bien que massifs, ne permettront ni d’effacer notre retard, ni d’assurer notre indépendance productive et notre souveraineté industrielle.

Des solutions existent, inscrivons-les dans la feuille de route industrielle de la France

Pour que la réindustrialisation soit durable (dans tous les sens du terme) et portée par l’ensemble des territoires, il est urgent d’inscrire des solutions concrètes dans la feuille de route industrielle de la France. Des solutions existent. En voici quatre que PwC estime prioritaires et au potentiel d’impact à court terme. 

1- S’engager au sein de coalitions industrielles locales et européennes

Les problématiques de réindustrialisation sont trop complexes pour être résolues en ordre dispersé. Au niveau national, les entreprises doivent avancer ensemble, par le biais des filières par exemple. Elles peuvent lever certains obstacles, notamment fonciers et financiers, au moyen de partenariats public-privé (PPP). Les territoires peuvent aussi s'associer entre eux sur des thématiques clés. 

Tout projet de souveraineté durable sur le plan économique et technologique dépasse aussi le cadre national, pour impliquer l’engagement des entreprises européennes. C’est à tous ces niveaux que se joue la réussite des projets industriels, que s’imaginent de nouvelles solutions, que des réponses durables sont apportées aux nouveaux enjeux. 

2- Former dans tous les territoires pour préparer aux métiers de pointe 

Relocaliser dans tous les territoires des écoles d’excellence souvent franciliennes permettrait d’essaimer les compétences industrielles de demain tout en apportant une réponse adaptée à la faible mobilité géographique des Français.

Plus largement, il est urgent de passer à un modèle de formation où chacun est un apprenant, tout au long de sa vie. L’entreprise, au cœur de la formation aux futurs métiers de pointe, d’innovation ou de production, doit y être associée. En matière de compétences comme sur tant d’autres sujets, l’union fait la force.

3- Mobiliser l’épargne des Français pour consolider les fonds propres

Près de 70 milliards d’euros d’investissements privés manquent à l’appel pour mener à bien la renaissance industrielle de la France. Or, l’épargne des Français s’élève à 5 000 milliards d’euros et pourrait être mobilisée pour consolider les fonds propres de notre tissu productif. 

Il serait utile de rappeler aux épargnants à quel point les actifs industriels demeurent comparativement peu risqués. Et pourquoi ne pas créer un livret dédié qui orienterait les financements tout en offrant aux Français la possibilité de contribuer à l’effort national de souveraineté ?

Lire aussi : Trois enjeux opérationnels pour réaliser le potentiel de reconquête industrielle de la France

4- Redorer le blason de l’industrie et inventer un nouvel imaginaire

Ici encore, toutes les parties prenantes (fonction publique, filières, industriels) doivent travailler de concert à l’acceptabilité des activités industrielles. Plusieurs moyens existent : penser à l’esthétique des usines, les intégrer à l’identité de la ville ou du territoire, construire un nouvel imaginaire, comme lors de l’événement L’Usine extraordinaire.

L’attractivité de l’industrie se joue tout particulièrement auprès des jeunes, comme vient de le rappeler Nicolas Dufourq, directeur général de Bpifrance : “Par pitié, les jeunes qui sortent des écoles de commerce et d’ingénieurs, allez travailler dans l’industrie ! C’est là que seront les plus belles carrières du moment. Parce que c’est là que ça va repartir.

La promotion de l'industrie s’appuie aujourd'hui sur des nouvelles technologies au fort pouvoir d’attraction, mais également sur des critères ESG porteurs de sens. Tout l’opposé de l’image obsolète de l’usine en termes de nuisances, de qualité ou de valorisation du travail.

Lancer des coalitions pour surmonter collectivement les obstacles à la réindustrialisation

La renaissance industrielle de la France sera un choix de société et sera une réussite collective. PwC encourage tous les acteurs du dynamisme économique des territoires à initier ou rejoindre des coalitions, ces mécaniques de précision au service du bien commun. 

Cette conviction est à l’origine du mouvement #LetsgoFrance, qui met en partage les solutions de PwC, de ses clients et de son écosystème en réponse aux enjeux de développement durable et de (re)localisation. Rejoignez-le mouvement.

Suivez-nous

Les champs obligatoires sont marqués d'un astérisque(*)

Les informations recueillies lors de votre visite sur ce site sont protégées par le Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données (le « RGPD »), ainsi que par la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'Informatique, aux Fichiers et aux Libertés, dans sa dernière version en vigueur. Ces informations sont également confidentielles, et ne sont en aucun cas destinées à être diffusées à des tiers, notamment à des fins de prospection commerciale. Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter notre Déclaration de confidentialité.

Contactez-nous

Patrice Morot

Patrice Morot

Président, PwC France et Maghreb

Olivier Lluansi

Olivier Lluansi

Associé, Strategy& France

Masquer