Depuis 2010, nous constatons au niveau mondial une double augmentation : celle du prix moyen du carbone, mais aussi la part des émissions de carbone qui sont soumises à ce mécanisme de tarification. Ces tendances devraient se poursuivre, de nombreux pays prévoyant d'augmenter le prix du carbone ou de mettre en place des mécanismes de tarification. Afin de limiter leur exposition à ce risque, les entreprises peuvent mettre en place certaines pratiques. Les quatre suivantes ont fait leurs preuves dans de grands groupes internationaux.
L’impact des mécanismes de tarification du carbone sur les coûts de la chaîne d'approvisionnement peut être difficile à mesurer. Pour estimer ce coût caché du carbone, PwC se base sur son modèle Efficient Supply Chain Emissions Reporting (ESCHER) en y intégrant les prix du carbone du Carbon Pricing Dashboard de la Banque mondiale. Le résultat est un ratio du coût caché du carbone. Il représente le coût des taxes sur le carbone et des quotas d'émission en pourcentage des ventes (chiffre d'affaires) pour 65 secteurs et 141 pays et régions dans le monde.
Cette méthodologie de modélisation se base principalement sur la version 10 des données d'entrées-sorties du Global Trade Analysis Project (GTAP, un réseau mondial de chercheurs), ainsi que sur les données GTAP relatives aux émissions de dioxyde de carbone, d'oxyde nitreux, de méthane et de gaz fluorés. Bien que les données disponibles les plus récentes datent de 2014, le modèle fournit une représentation des chaînes d'approvisionnement et des niveaux d'émissions suffisamment proches des conditions actuelles pour être indicatif des coûts du carbone payés par les entreprises aujourd'hui. PwC intégrera les nouvelles données dès leur publication pour mettre à jour son modèle
Le modèle ESCHER permet de calculer le multiplicateur du coût caché du carbone selon trois scénarios de prix du carbone :
Un scénario basé sur les prix actuels. Documentée par la Banque mondiale, la tarification du carbone actuellement en vigueur couvre 73 initiatives régionales, nationales et infranationales de tarification du carbone mises en œuvre au 31 mars 2023. Elle fournit des informations sur deux types de tarification du carbone : les systèmes d'échange de droits d'émission et les taxes sur le carbone.
Un scénario aligné sur le MACF. Lorsque ce mécanisme d’ajustement carbone aux frontières sera mis en œuvre intégralement, l’importation dans l'Union européenne de certains produits à forte intensité de carbone (fer, acier, aluminium, ciment, engrais, produits chimiques et hydrogène) sera soumise à un droit de douane sur leurs émissions de scopes 1 et 2. Le tarif appliqué dans le modèle ESCHER est l'excédent, le cas échéant, du coût du carbone des émissions du scope 1 (directes) et du scope 2 (électricité achetée) au prix actuel du carbone dans l'UE, par rapport au coût actuel du carbone dans le pays exportateur.
Un scénario zéro émission nette. Il s’agit des prix du carbone pour 2030 définis dans le scénario économique de l'Agence internationale de l'énergie (AIE, 2021) pour atteindre des émissions nettes de CO2 nulles d'ici 2050. L'AIE définit différentes trajectoires de prix du carbone par groupes de pays : les économies avancées (OCDE + Bulgarie, Chypre, Croatie, Malte et Roumanie), les grandes économies émergentes (Afrique du Sud, Brésil, Chine et Russie), et tous les autres pays. Ces trajectoires couvrent les prix des secteurs de l'électricité, l'industrie et la production d'énergie. Le modèle ESCHER utilise le prix actuel du carbone pour les autres secteurs et dans les cas où le prix actuel du carbone dépasse le prix net zéro de l'AIE.
Merci à Maxime Moujeard, Manager, PwC France et Maghreb, pour sa contribution à ce texte.