Des choix méthodologiques rigoureux et ambitieux
Bénéficier du levier d’efficacité de la comptabilité multi-capitaux avec le LIFTS accounting model©
Pour présenter un reporting de durabilité fiable et calculer la performance globale d’une organisation, diverses méthodes de comptabilité multi-capitaux existent. Toutes ont pour objectif de questionner la vision de la valeur qui ne doit plus être uniquement financière pour y intégrer deux nouveaux paramètres : les enjeux environnementaux et sociétaux.
Leviers efficaces de mise en œuvre du changement, les méthodes de comptabilité multi-capitaux présentent un potentiel transformationnel pour l’organisation dans son ensemble comme pour les entités qui la composent. Audencia a opté pour le LIFTS accounting model© développé par l’ équipe de la Chaire Performance globale multi-capitaux fondée à Audencia par Danone, L’Oréal et PwC France et Maghreb.
L’une des particularités du LIFTS accounting model© est qu’il permet de retranscrire les impacts dans les formats de matrice d’audit, ce qui permet de voir les logiques de rattachement des impacts. « J'y vois un immense intérêt, notamment parce que les résultats sont facilement contrôlables, par exemple par des organismes tiers indépendants (OTI) », précise Laure Gaschignard, experte comptable spécialiste du reporting environnemental extra-financier, qui pilote l’expérimentation à Audencia.
Pour en savoir plus sur les autres méthodes, écouter le replay du webcast PwC Performance globale : quelles méthodes pour une comptabilité multi-capitaux ?
Définir une trajectoire de réduction carbone avec le SBTi
Pour Audencia, le premier enjeu de mise en place du LIFTS accounting model© est d’établir une trajectoire de réduction de son empreinte carbone conforme aux objectifs climatiques de l’accord de Paris.
Cet engagement chapeau se matérialise par la définition d’un budget carbone (année N) qui sera à respecter chaque année par la suite. Le principe est simple : lorsque l’entreprise dépasse son budget carbone, elle contracte une dette proportionnelle au dépassement ; à l’inverse, si elle termine l’année en-deçà de son budget carbone, elle constitue un stock.
Ce budget est en cours de construction et de validation en interne. Il se base sur les référentiels existants et adaptés à l’activité de l’enseignement. La comptabilité multi-capitaux permet de valider que la trajectoire est cohérente en rapport aux prévisions d’activités. La transposition de l'objectif de réduction en un budget permet de suivre la performance. C'est à cette étape que l'entreprise peut se considérer comme endettée en cas de dépassement.
Responsabiliser les acteurs et opérationnaliser la trajectoire de réduction carbone
Le second enjeu dans la mise en œuvre du LIFTS accounting model© est l’opérationnalisation de la trajectoire de réduction de l’empreinte carbone que l’école s’est fixée.
Dans le mode de fonctionnement actuel des organisations, les objectifs financiers peuvent primer sur les objectifs de durabilité. Très souvent, la direction RSE, quand elle existe, a peu de pouvoir au sein de l'entreprise car les enjeux financiers priment.
Sans qu’il y ait monétarisation (c’est-à-dire conversion en euros), l’un des grands avantages de la comptabilité multi-capitaux est d’attribuer une valeur aux impacts extra-financiers (dans le cas traité par Audencia, les émissions carbone). Cette valeur permet de définir un budget global pour l’organisation, qui est ensuite réparti entre l’ensemble des entités ou directions. Chacune, en suivant son propre budget, peut ainsi prendre conscience de son impact, définir sa propre trajectoire de décarbonation et sélectionner les leviers les plus efficaces et appropriés aux particularités de son activité.
Les multiples avantages d’une méthode multi-capitaux
Établir un bilan carbone n'est pas une science dure, il existe une marge d‘erreur. Une méthode multi-capitaux la réduit en faisant remonter une multitude d’informations jusqu’alors inexploitées ;
Simple dans ses grands principes, la méthode aide également à vulgariser les impacts extra-financiers auprès de diverses audiences ;
L’impact (carbone ou autre), avec un système d'incitation et d'implication des acteurs de l'entreprise, ne sera pas une valeur fantôme mais devient bel et bien tangible, plaçant les sujets environnementaux au même niveau que les sujets financiers ;
Les équipes sont responsabilisées, puisqu’il leur incombe de gérer à la fois leur budget financier et leur budget extra-financier.
Gouvernance, motivation des équipes et excellence comptable, trois facteurs clés de réussite
Une gouvernance engagée et impliquée
Comme dans tout projet de transformation - car c’est bien de cela qu’il s’agit, jusqu’à potentiellement changer de modèle économique -, rien ne va très loin sans une gouvernance impliquée et des équipes motivées. L’expérimentation en cours dans plusieurs entreprises bénéficie à Audencia du terreau fertile d’une forte culture RSE au sein de l’école. Soutenue par ses équipes, la direction a exprimé une volonté forte de s’engager dans une trajectoire ambitieuse de l’empreinte carbone. Cette détermination est une condition sine qua non pour éviter d’investir beaucoup de temps et d’énergie en vain. « Une fois la gouvernance engagée, il est important d’embarquer l’ensemble des équipes internes dans la démarche », explique Barbara Haddou, Responsable RSE, Audencia. « Les focus groups organisés dans toutes les directions d’Audencia ont cette vocation. Ils permettent à chaque direction de disposer des clés de compréhension de la méthodologie appliquée, puis d’identifier les leviers de réduction à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de réduction qu’elle s’est fixés ».
Des volontaires formés et valorisés
Chez Audencia, un comité carbone réunissant la délégation RSE et des membres du service achats et de la direction financière pilote la stratégie bas carbone. Il se rend disponible pour répondre aux questions des autres salariés sur l’expérimentation en cours, et ainsi contribuer à diffuser une culture bas-carbone. Il anime par ailleurs les réunions de reporting organisées dans chaque direction afin de les sensibiliser sur le bilan carbone de leur propre activité et de les accompagner dans la réduction de leur empreinte carbone.
L'objectif aujourd'hui est d'embarquer le plus de salariés dans la démarche. Ainsi, la gouvernance autour du projet table sur des mécanismes d'incitation des salariés, tels qu’une valorisation de leur implication. En plus d’un abondement sur leur compte de formation professionnelle (CPF), un budget a été prévu pour leur formation ainsi que des aménagements, comme une décote sur leur temps de travail.
Ces mesures invitent les salariés à s’impliquer dans la stratégie bas carbone et les aident à identifier des leviers dans leur propre budget. À l'avenir, quand la comptabilité multi-capital sera acceptée et adoptée par tous, il sera envisageable de réfléchir à une taxe carbone assise sur les dépassements budgétaires.
« Nous travaillons avec des personnes motivées par l’objectif de réduction de l’empreinte carbone”, précise Laure Gaschignard. « Ces volontaires peuvent également y trouver des avantages personnels, par exemple en termes d’employabilité, les compétences extra-financières étant de plus en plus recherchées. »
Des données comptables de très haute qualité
Un autre facteur de réussite pour une expérimentation de cette nature est la qualité des données disponibles. « L’école compte 498 salariés et plus de 7500 étudiants. Malgré ses énormes flux comptables, les fichiers sont extrêmement détaillés et surtout libellés de manière standardisée, avec une grande granularité de l'information », souligne Laure Gaschignard, fondatrice de CAP2ACT.
Le processus étant itératif, la bonne volonté des équipes permet l’amélioration continue. Ainsi, la comptabilité a été amenée à créer un nouveau journal pour isoler les notes de frais représentant de petits montants (déplacements, etc.) afin d’en automatiser le traitement.
Le défi des injonctions contradictoires
Comment respecter un budget carbone fixe ? Dans l’enseignement, la croissance démographique signifie un nombre d’étudiants lui aussi en augmentation. Pour Audencia, l'année de base d'engagement sera 2022. En confrontant ses émissions de gaz à effet de serre et ses prévisions d’activité, l’école devra faire des choix et fera nécessairement face à des injonctions contradictoires (l’une des complexités du SBTi) nécessitant de faire des arbitrages et des choix difficiles. À ce stade, il n’est plus question de méthodologie mais de décisions humaines. La question de l’engagement se pose ainsi à une échelle à la fois organisationnelle et personnelle.
Aujourd’hui, la volonté d’Audencia est de partager en toute transparence la méthodologie appliquée tant sur les mécanismes de mise en œuvre de la comptabilité multi-capital que dans l’accompagnement au changement nécessaire pour permettre aux équipes internes de s’adapter à ce nouveau modèle de gouvernance de la performance globale.
Merci à Laure Gaschignard, fondatrice de CAP2ACT et pilote de l’expérimentation LIFTS accounting model© à Audencia en 2021-24, pour son point d’étape sur la mise en œuvre de la méthode par l’école.
Écoutez le replay de la présentation de l’expérimentation Audencia qui a eu lieu (en anglais) lors de la conférence de la Chaire Performance globale multi-capitaux en mars 2023
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