L’un des axes de la renaissance industrielle de la France est la modernisation de son outil productif. Celle-ci implique des investissements pour équiper les usines des dernières technologies, mais aussi l’adoption de pratiques d'excellence opérationnelle (Lean, Six Sigma, Agile…) au sein des entreprises.
Dans l’étude « L’excellence opérationnelle, une nouvelle dynamique au service de la performance durable des entreprises », CentraleSupélec Exed et PwC France et Maghreb livrent leurs recommandations pour aider les entreprises industrielles à diffuser et pérenniser plus largement les principes de l’excellence opérationnelle dans leurs opérations.
« Nous aurions pu croire l’excellence opérationnelle complètement intégrée dans les organisations, voire désuète. Il n’en est rien. Pour les entreprises, elle reste à la fois un puissant levier de compétitivité et un défi. »
L’excellence opérationnelle est un sujet qu’une majorité de répondants à l'enquête CentraleSupélec Exed-PwC considèrent comme prioritaire pour répondre à leurs enjeux de création de la valeur et de compétitivité. Ils y voient notamment un puissant levier pour relever leurs principaux défis.
« Dans les réponses des dirigeants à la CEO Survey 2022 de PwC, trois sujets ressortent particulièrement : la satisfaction client, l’engagement collaborateurs et l’engagement zéro émission nette. L’excellence opérationnelle est une réponse à tous ces enjeux. »
Pas moins de 96 % des entreprises interrogées ont totalement ou partiellement mis l’excellence opérationnelle à l’ordre du jour de leur plan stratégique à trois ans. Cette approche bénéficie également d’un soutien appuyé de la direction dans 43 % d’entre elles.
Malgré cela, les démarches de l'excellence opérationnelle sont encore loin d’être ancrées dans le quotidien de la majorité des entreprises. Plus de la moitié des entreprises (53 %) en sont encore à une phase pilote ou en attente d’un niveau de performance suffisant sur les premières fonctions testées avant un déploiement général.
Ce manque d’enthousiasme est peut-être en train de changer.
« Les démarches de l’excellence opérationnelle ont trop souvent été associées au cost killing par des démarches coup de poing dans le passé et ont in fine échoué par essoufflement et désorientation des équipes. »
"Aujourd'hui, les entreprises comprennent mieux que c’est avant tout un levier puissant de création de valeur pérenne souhaitée par leurs clients, tout en optimisant la qualité, les coûts et les délais. Dans le cadre de la relocalisation industrielle, les entreprises possédant un système de management de l’excellence opérationnelle mature sont les mieux armées.” D’autant plus si une production plus locale les aide à atteindre leurs objectifs en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
La crise sanitaire a d’abord provoqué un léger déclin de maturité en matière d'excellence opérationnelle, nécessitant la remise à niveau des équipes sur certains standards abandonnés. Puis elle l’a repriorisée en lui assignant de nouveaux objectifs. Les entreprises attendent de l'excellence opérationnelle des moyens pour mieux répondre aux attentes de leurs clients en matière de qualité, prix et délai. Elles comptent désormais aussi sur cette approche pour les aider à atteindre leurs ambitions en matière de RSE.
Une majorité (77 %) de répondants considèrent que certains aspects de la stratégie RSE de l’entreprise sont intégrés, ne serait-ce qu’à l’état de pilote, dans le système de management de l’excellence opérationnelle. La dimension RSE couvre l’ensemble de la chaîne de valeur d’une entreprise. Il est à prévoir que les enjeux qui en découlent vont monter en puissance au niveau des opérations à court-terme.
L’étude montre également que la prise en compte des enjeux RSE, des conditions de travail à la question climatique, va alimenter à la fois le sens et les plans d’action de l'excellence opérationnelle. Celle-ci donne en effet des outils pour décarboner les activités, notamment industrielles, améliorer le bilan carbone et atteindre les engagements zéro émission nette.
Cela passe en premier lieu par des économies d’énergie résultant de l’optimisation des processus. Par exemple, améliorer le taux de rendement synthétique (TRS), qui indique le niveau d'utilisation des machines, évite de gaspiller de l’énergie. Y contribuent également l’analyse et le pilotage des émissions de gaz à effet de serre (GES).
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Dans la plupart des entreprises interrogées, les fondamentaux du système de management de l’excellence opérationnelle sont en place. L’étape suivante est de déployer à grande échelle avant de passer à des étapes plus pointues.
Malgré les bénéfices identifiés par les entreprises, des obstacles persistent qui freinent l’exécution de la stratégie opérationnelle et du système de management de l'excellence opérationnelle. Les principaux sont le manque de standards, l’incarnation insuffisante de l’approche par les managers et dirigeants, ainsi que la complexité des circuits décisionnels. L’étude identifie trois moyens pour les surmonter.
« L’excellence opérationnelle est un levier majeur de croissance pour les entreprises. »
“Elle permet d’optimiser leur valeur ajoutée à tous les niveaux de l’organisation dans un contexte de remise en cause permanente. Au-delà des outils et de la démarche, l’excellence opérationnelle passe par la mise en mouvement des équipes” et leur montée en compétences.
L’étude révèle que cette montée en compétences est aujourd'hui insuffisamment structurée et pilotée. Pour être efficace, elle doit combiner formation académique, coaching et mentorat.
« Il faut dans un premier temps que les collaborateurs soient sensibilisés à la démarche. »
“Le management doit présenter la démarche à travers une communication positive qui replace la méthode comme un outil d’amélioration du quotidien du collaborateur, et non comme une charge de travail supplémentaire”
Pour susciter l’envie de participer à cette amélioration, le management devra ensuite “s’employer à inciter les collaborateurs à participer à toute démarche de l'excellence opérationnelle. Les résultats obtenus devront être valorisés et partagés”.
En dernier lieu, “les collaborateurs qui souhaiteront aller plus loin, qui voudront participer à des transformations de type Lean management, animer des ateliers, mettre en place des chantiers d’amélioration, devront être accompagnés vers un programme de formations adapté de type Green Belt / Black Belt Lean ou Lean Six Sigma dans des organismes renommés pour la qualité de leurs formations”, conclut Cédric Bourgain.
Quelques grands enseignements se dégagent de cette enquête CentraleSupélec Exed-PwC. Le premier est la nécessité d’un choc de simplification pour homogénéiser et simplifier les modes de fonctionnement et pratiques au sein de l’organisation. Le management de proximité joue également un rôle clé pour déployer le système de management de l'excellence opérationnelle, insuffler une dynamique et généraliser une culture d’amélioration continue.
Téléchargez l’étude complète afin de découvrir d’autres enseignements de cette enquête, tels que la manière dont l’exploitation des données devient le principal accélérateur du système de management pour renforcer le pilotage de la performance et la recherche de solutions durables. L’étude consacre également toute une partie à la déclinaison de l’excellence opérationnelle par secteur : industrie manufacturière, aéronautique, défense et sécurité, industrie agroalimentaires, services aux entreprises et grande distribution.