D’un côté, les entreprises françaises n’ont pas un très bon niveau de connaissance des enjeux du Pacte vert pour l’Europe, comme le montrent leurs réponses à une enquête PwC. De l’autre, elles ont néanmoins déjà commencé à lancer des initiatives qui entrent dans ce cadre. Fabien Radisic, avocat associé PwC France et Maghreb, commente ce paradoxe et dresse les grandes étapes d’un parcours de transition écologique réussie.
La récente étude de PwC Les entreprises européennes sont-elles préparées au Pacte vert pour l'Europe ? indique un fort niveau de méconnaissance et d’impréparation des entreprises françaises face au Green Deal de l’Union européenne. Elles se situent légèrement en dessous de la moyenne européenne en termes de maîtrise des objectifs du pacte (29% en France vs. 40% au niveau européen), comme de ses contraintes et incitations (39% vs. 49%).
Cependant, les entreprises françaises ont déjà engagé des démarches qui vont dans le sens des mesures du pacte déjà adoptées ou à venir. Par exemple, elles commencent à compenser leurs émissions de CO2 en soutenant des initiatives durables (32% en France vs. 33% en Europe), à réduire leur empreinte carbone (42% vs. 49%) et à utiliser des véhicules à carburant alternatif (61% vs. 50%).
Les entreprises françaises prennent donc une légère avance, anticipant le cadre qui est en train de se mettre en place. Elles sont aussi nombreuses à vouloir accélérer cet effort. Dans leurs plans de dépenses pour les trois à cinq prochaines années, les trois quarts (77%) prévoient d’importants investissements pour devenir plus durables sur le plan environnemental.
Absolument. Plus de la moitié des entreprises (55% en France vs. 51% en Europe) envisagent de changer à court terme la localisation de leurs activités d'approvisionnement, de fabrication ou de stockage. La réindustrialisation est un discours dans l’air du temps, et il est vrai que la (re)localisation ouvre de nombreuses opportunités en termes de développement. Les entreprises entendent les saisir, même si elles ne connaissent pas encore très bien les tenants et aboutissants du pacte.
Le Pacte vert pour l’Europe est un projet de société qui vise à garantir une croissance économique durable avec 55% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990 d'ici 2030, et la neutralité des émissions nettes de GES d'ici 2050. Pour faire de l'Europe un continent décarboné, le pacte définit des normes, adapte des dispositifs existants ou en crée de nouveaux, comme le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF).
Le MACF est une contrainte pour les entreprises, les obligeant à s’adapter, mais aussi une opportunité de compétitivité. Pourquoi continuer à acheter hors de l’UE un produit qui sera bientôt fortement sanctionné (par exemple s’il est jugé trop polluant), alors qu’il est peut-être possible de s’approvisionner auprès d’un acteur européen respectant les normes ? Dans cette logique, des entreprises cherchent déjà à localiser leur production ou leurs achats dans des structures qui répondent aux attentes du MACF. Cela a un impact important sur les chaînes de production et sur la localisation de la valeur.
Au-delà de la question fiscale, le Pacte vert européen est un bouleversement à venir pour la stratégie globale des organisations opérant en Europe. La majorité des entreprises françaises n'en sont qu'au début du parcours de transition écologique.
Pour éviter les coûts supplémentaires résultant des nouvelles taxes environnementales et saisir les opportunités business, les entreprises doivent revoir leur modèle d'affaires en mettant l’ESG au cœur de leur stratégie.
Elles doivent ensuite établir un parcours de transformation qui a du sens : situer leur position par rapport aux éléments d'action du Pacte vert, quantifier l’impact, établir une stratégie, définir des objectifs et des indicateurs de performance, élaborer une feuille de route, évaluer l’éligibilité des projets de développement durable, communiquer sur les réalisations...
La décarbonation, et plus largement la transition écologique, peut générer énormément de valeur au niveau des entreprises, des filières et de la France. Si les dispositifs du Pacte vert pour l’Europe font revenir en Europe des industriels pour des raisons environnementales, des bénéfices sont aussi à attendre en termes d’opportunités d’affaires, d’investissement et de création d'emplois.
En tant que conseil doté d’une plateforme ESG et pionnier du développement durable, PwC apporte des solutions à tous les stades de la transition écologique d’une entreprise. Nos experts ont une vaste expérience, du développement des projets d’énergies renouvelables à la fiscalité directe et fiscalité indirecte des énergies renouvelables.