Au sein des organisations, toutes les parties prenantes ont un rôle à jouer pour faciliter la montée en puissance des enjeux de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). L’implication des conseils d’administration s’avère tout particulièrement cruciale, sans avoir encore atteint le niveau requis.
C’est ce que démontre le premier baromètre consacré à la prise en compte des enjeux de RSE par les conseils d’administration dans leur processus de décision stratégique, publié en mars 2022 par l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE), l’Institut Français des Administrateurs (IFA) et PwC France et Maghreb.
Intitulé “La responsabilité sociétale des entreprises, nouvelle priorité stratégique des administratrices et administrateurs ?”, le rapport identifie trois manières d’opérer un repositionnement stratégique de la RSE au sein des conseils d’administration.
La forte participation à cette étude des administrateurs représentant les salariés témoigne de l’attention qu’ils portent aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
Cet intérêt reflète le rôle social élargi que se donnent de plus en plus d’entreprises, par exemple en se dotant d’une raison d’être. Il est cohérent également avec les pressions croissantes exercées par l'environnement dans lequel opèrent les entreprises : crise sanitaire, changement climatique, attentes des parties prenantes, exigences réglementaires…
L’étude met en lumière la dynamique positive impulsée par la crise de Covid-19 dans la prise en compte de la RSE par les administratrices et les administrateurs :
« Sans être encore à la pleine mesure de l’enjeu, la RSE est désormais indissociable de la stratégie des conseils d’administration, volontaires en la matière, et participe à la performance globale des entreprises. »
Si les sujets RSE sont bien intégrés à l’ordre du jour pour y être débattus en séance, cela ne suffit cependant pas toujours à ce que les enjeux ESG soient bien pris en considération dans la gestion de l’activité.
En effet, même lorsque les conseils d’administration sont associés à ces travaux, comme constaté dans la grande majorité des cas, leurs modalités de participation et leur degré d’implication restent très variables. De même, les nombreux sujets que couvre la RSE sont encore traités de manière inégale selon les conseils d’administration.
Dans ce baromètre, l’IFA, l’ORSE et PwC France et Maghreb formulent trois pistes pour repositionner la RSE au sein du conseil d’administration afin que ce dernier devienne pleinement un garant de la mise en œuvre de la stratégie RSE de l’entreprise.
Encourager les administratrices et administrateurs à prendre la mesure des enjeux pour la pérennité de l’activité de l’entreprise et de la transversalité des questions RSE, bien au-delà de la simple question de conformité.
Aborder tout sujet stratégique pour l’entreprise sous le prisme de la RSE, dans la mesure où celle-ci apporte une vision globale de la performance et permet de mieux appréhender les opportunités ainsi que les risques encourus.
Consacrer davantage de temps à la RSE en conseil d’administration, comme les répondants à l’étude en expriment clairement le besoin.
Veiller à ce que la raison d’être, lorsqu’elle a été définie, soit utilisée comme ligne directrice qui oriente et nourrit le processus décisionnel en conseil d’administration.
Sensibiliser administratrices et administrateurs à l’importance croissante des enjeux ESG en leur décryptant l’évolution de la réglementation française et européenne.
Former l’ensemble des membres du conseil d’administration à la RSE afin que leurs compétences en la matière leur permettent de guider la prise de décision.
Voir aussi : Les rendez-vous du reporting de durabilité
Encourager les échanges directs entre les membres des conseils d’administration et les parties prenantes de l’entreprise pour favoriser une meilleure compréhension des attentes et nourrir les discussions et la prise de décision.
Établir un dialogue de qualité et continu entre directions générales et conseils d’administration sur la RSE : la direction générale doit avoir une vision claire et précise du cap à tenir en matière de RSE ; le conseil d’administration doit s’assurer de la manière dont la direction générale et le management traitent les sujets RSE et doit pouvoir challenger leurs pratiques.
Maintenir au sein du conseil d'administration un bon niveau d’interaction sur le sujet avec les différents comités spécialisés (audit, risques, stratégie…).
La question des moyens humains et financiers dont disposent les conseils d’administration pour développer leurs compétences de façon indépendante est centrale.
Découvrez l’intégralité du baromètre, “La responsabilité sociétale des entreprises, nouvelle priorité stratégique des administratrices et administrateurs ?”, publié par Hélène Valade, présidente de l’ORSE, Denis Terrien, président de l’IFA, et Sylvain Lambert, associé PwC France et Maghreb.
Regardez le replay de la présentation de l'étude lors de la table ronde "La RSE est-elle la nouvelle priorité stratégique des administratrices et administrateurs ?" avec Karine Dognin-Sauze, directrice générale de l'IFA, Hélène Valade et Sylvain Lambert.
La présentation est suivie d'un débat entre Jean-Philippe Desmartin, directeur de l'investissement responsable d'Edmond de Rothschild AM, Anne-Marie Hunot-Schmit, directrice gestion des risques santé, sécurité, environnement de Thales et administratrice représentant les salariés, membre du comité stratégique et RSE, ainsi qu'Alexandre Menais, executive vice-president d'Atos.
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