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Selon le Haut Conseil pour le Climat, l’agriculture représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, et deux tiers des émissions liées à l’alimentation. L’agriculture est donc clairement un secteur clé de la décarbonation, comme développé dans le livre blanc 2022 du Think Tank Agroalimentaire des Echos / Le Parisien, L’agri-agro à l’heure de la transition environnementale.
Véritable plaidoyer pour une planification écologique de l’alimentation, le livre blanc auquel a contribué Baptiste Bannier, associé, PwC France et Maghreb, aporte une série de recommandations pour faire de la ferme France un pivot central dans la bataille climatique, décarboner l’industrie agroalimentaire et financer la transition environnementale de la filière alimentaire.
Baptiste Bannier s’est tout particulièrement intéressé aux moyens de faire du consommateur un allié dans la transition environnementale de l’alimentation.
Le rôle crucial du consommateur dans l’évolution vers une alimentation moins carbonée
À l’occasion de la sortie du livre blanc, la table ronde Comment engager le consommateur dans la transition environnementale ? animée par Olivier Dauvers, directeur du Think Tank Agroalimentaire, a réuni Baptiste Bannier, associé PwC France et Maghreb, David Garbous, fondateur de Transformation Positive, et Jacques Trottier, PDG de Labeyrie Fine Foods.
“Le consommateur a bien évidemment un rôle crucial, car c’est lui qui est en bout de chaîne, par son acte d’achat. En choisissant tel produit plutôt que tel autre, il va valider l’offre qui lui est faite, et tout ce qui a été fait en amont”, explique Baptiste Bannier.
“Cela passe par le choix de l’assiette : ce que je mets dans mon menu, si je privilégie des produits de saison, des produits locaux, des protéines végétales plutôt qu'animales pour certains repas, par exemple”, poursuit-il. “Le second point est de se demander comment privilégier des méthodes de production plus durables, plus respectueuses de l'environnement, qui permettent de capter du carbone. C’est également tout le sujet de l’emballage, comme on le voit avec le développement du vrac ou le choix d’emballages recyclables. Dernier point, le gaspillage est un élément important pour le consommateur comme pour tous les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement.”
Pour aller plus loin : regardez le replay de la table ronde Comment engager le consommateur dans la transition environnementale ?
Trois manières d’embarquer le consommateur dans la transition bas-carbone de l’alimentation
S’il n’y a pas de débat aujourd’hui sur la nécessité d’embarquer le consommateur, reste cependant la question de comment. Trois éléments importants sont à prendre en considération : la pédagogie, la lisibilité et la valeur.
1- Pédagogie : expliquer la nécessité de faire des choix
“Le consommateur va choisir en fonction de ses convictions. Tout ce qui permet d’expliciter - ce qu’est cette transition, quels en sont les enjeux, pourquoi il doit faire ces choix - va dans le bon sens. Cela doit être évidemment basé sur des connaissances et sur la science”, insiste Baptiste Bannier. “Cette pédagogie est importante pour que demain, quand le consommateur choisira, il puisse s’il en a les moyens choisir le mieux disant du point de vue des impacts environnementaux.”
2- Lisibilité : donner les moyens de faire des choix informés
“Ces sujets sont parfois contre-intuitifs, avec des causalités et boucles de rétroaction extrêmement complexes”, reconnaît Baptiste Bannier. “Il est très difficile pour un consommateur de faire le choix tout seul, il doit être orienté. Les acteurs de l’agroalimentaire doivent lui fournir des données, indicateurs, mesures et notations.”
Des labels fiables doivent être développés, avec comme enjeu supplémentaire de gagner la confiance du consommateur par la transparence et la traçabilité des produits. À cet égard, le rôle des applications telles que Yuka est intéressant.
3- Valeur : pour sortir de l’opposition mieux-disant vs. moins-disant
“Le dernier point est celui de la valeur”, conclut Baptiste Bannier. “Si un consommateur choisit un produit responsable, c’est qu’il y a vu une valeur environnementale. Si l’on veut que cela puisse toucher tout le monde, il faut travailler la notion de valeur sous l’angle financier. Il faut arriver à réduire ou annuler le différentiel de prix. Des pistes ont été évoquées, telles que la valorisation du carbone ou un travail sur l’actif, comme un coût plus élevé des terres agricoles carbonées. Le volet fiscal sera aussi indispensable à un moment donné pour permettre ce rapprochement.”
La nécessité de mesurer sur toute la chaîne de valeur de l'alimentation
“Pour s'améliorer, il faut mesurer”, rappelle Baptiste Bannier. “Mesurer aide les entreprises à faire progresser leurs produits et leur démarche. C’est aussi utile pour donner des repères et aider le consommateur à choisir. Ces repères sont aussi les objectifs vers lesquels aller, ils seront donc dynamiques dans le temps. (...) À ce titre la comptabilité multi-capitaux, même s’il y a encore beaucoup de R&D en cours sur la partie bilancielle, est un élément structurant de la démarche.”
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